Poèmes à la gloire du cheval Arabe


             Ces épisodes belliqueux n’empêchèrent pas, en effet, les Arabes de développer une culture originale, déjà raffinée, riche des apports multiples de tout le Moyen-Orient. Leur société, généralement païenne, honorait des divinités sidérales. Mais les deux religions monothéistes, judaïsme et christianisme, y comptaient aussi de nombreux adeptes, parfois tentés par les hérésies. Pour sa part, la langue arabe, qui commençait à s’écrire dans les villes, était, bien entendu, uniquement parlée sous la tente des nomades. D’où le rôle essentiel qu’y jouait la mémoire.

              De génération en génération, les conteurs chantaient les hauts faits des ancêtres et ceux de leurs chevaux.

              En l’honneur de ces derniers furent composés des poèmes entiers, dont certains sont parvenus jusqu’à nous. Appelés Moallakat, c’est-à-dire « les suspendus »;ce sont les monuments les plus anciens de la littérature arabe. Un exemplaire de chacun d’eux —  il y en a sept — est suspendu aux voûtes de la Kaaba. à La Mecque. Empruntons au Dr Perron, qui traduisit en 1852 le fameux Livre du Naceri, quelques extraits de ces poèmes, qui magnifient ie cheval arabe.

              Moallaka d’Antara :

« [...] moi je passe mes nuits sur le dos de mon coursier toujours bridé.

Mon lit, c’est la selle de mon cheval

aux jambes pleines et solides, aux flancs fournis,

à la poitrine superbe et puissante [...] »

              Moallaka d’imrulkais :

«A l’aube du jour

quand l’oiseau est encore dans son nid je pars sur un coursier au poil ras au pied leste et léger à l’élan plus vite que les bêtes sauvages, coursier robuste et puissant.

Coursier parfait à la charge, à la retraite, à la poursuite, à la fuite[...]

C’est un quartier de roc que, d’une hauteur, lance torrent. [...] Il a le flanc sec et fin de la gazelle la jambe osseuse et haute de l’autruche le ؛٢٥؛ dégagé et facile du loup

le galop juste et battant le pied sur la trace de la main comme le jeune renard à la course.

De fortes côtes lui charpentent une large poitrine.

Vue par derrière, sa queue luxuriante et touffue remplit l’intervalle des jambes, presque jusqu’à terre tombant droite et parfaite.

Pendant l’élan de la course

son dos durci semble être une de ces pierres polies sur lesquelles la fiancée broie ses parfums ou sur lesquelles on brise la coloquinte. »

                Moallaka d’Amr ibn Koultoum :

« Aux jours des combats, nous montons des chevaux au poil fin et ras des chevaux dont la noble race est connue, nés et sevrés chez nous, par nous enlevés à l’ennemi qui nous les avait enlevés

Ces nobles coursiers sont l’héritage

que nous ont laissé nos pères aux vertus généreuses

et, à notre mort, ces coursiers

seront l’héritage que nous laisserons à nos enfants. »

               Ces poèmes sacrés, ces chants de gloire disent tout. Désormais, le cheval arabe, en pleine possession de ses moyens, n’attend plus que l'heure où I'islam, en lui confiant sa cause, l’enverra en mission à travers le monde.

N.B : Ceci est un extrait gratuit du livre " Le cheval arabe des origines à nos jours " de Philippe Barbié de Préaudeau, les éditions du Jaguar 1987, ceci n'est ni une adaptation ni une reproduction. 

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